J’ai découvert ce roman l’année dernière, un peu par hasard, alors que MademoiselleLit en parlait sur son compte instagram. Par la suite, j’ai pu lire son avis et depuis, je restais intriguée par ce livre.

J’ai gardé ce titre dans un coin de ma tête, l’ajoutant à ma « wishlist » et attendant le bon moment pour le lire. Cependant, je dois bien reconnaître que ce n’est pas le genre de roman vers lequel je vais spontanément me tourner. Donc, dès que j’ai vu qu’il était disponible dans ma médiathèque, je me suis empressée de me le procurer, pour me faire mon propre avis. C’est aujourd’hui chose faite et je partage avec vous mon ressenti suite à cette lecture.

Fiche du livre

Note : 4 sur 5.

Quatrième de couverture

Au milieu des années 1960, Grace, jeune fille noire exilée du Sud ségrégationniste vers un New York en pleine lutte pour les droits civiques, tombe enceinte en même temps qu’elle découvre l’amour. On ne lui permet pas de garder l’enfant. C’est Delores, une femme traumatisée dans sa chair et dans son âme, qui va adopter et élever sa fille, Rae, en tentant de la préserver du poids de ses souvenirs.

Mais à l’heure de devenir mère à son tour, Rae devra affronter cet héritage et faire la paix avec sa famille adoptive aussi bien qu’avec l’inconnue qui l’a mise au monde.

Extrait

Le sang n’avait jamais tellement dérangé Grace. Maw Maw Rubelle, sa grand-mère, l’y avait habituée très tôt, bien avant ce jour où elle l’emmena à son premier accouchement – ce même jour où son premier sang coula le long de sa cuisse. Voilà qu’il arrivait, le sang menstruel : un filet rouge sombre passant sur son mollet et sa cheville avant de s’écouler dans la terre épaisse et fertile de Virginie, où elle avait fermement planté ses pieds pour tendre les bras vers les pinces à linge.

Trois femmes, trois destins qui s’enchevêtrent

Ce premier roman de l’autrice traduit en français se découpe en trois grandes parties (ainsi qu’un épilogue), qu’elle a choisi de nommer ainsi :

  • Le livre de Grace (1965 – 1969)
  • Le livre de Delores (1967 – 1999)
  • Le livre de Rae (1999 – 2004)

Chacune de ses parties se concentre sur la vie de l’une des trois femmes sus-nommées. Le lecteur comprend assez vite qu’il va y avoir un lien entre elles, sans comprendre tout de suite de quoi il s’agit. Puis, petit à petit, au fil de leurs histoires, les choses s’éclaire et tout devient limpide.

Ce roman aborde différentes thématiques, telles que la ségrégation (tant au niveau de l’école que dans la société) dont on voit l’évolution tout au long du roman, mais aussi l’enfance et l’adoption, les liens du sang et de la famille, qui sont finalement des sujets plus centraux de ce roman. La ségrégation est bien présente mais davantage sur un second plan. Ici, c’est avant tout le combat de femmes fortes, malgré les épreuves et les obstacles de la vie, que nous livre l’autrice.

Malgré la thématique de la maternité, de la quête de ses origines, j’ai trouvé dommage que l’autrice ne nous donne pas accès à la rencontre entre Rae et sa mère biologique. On comprend qu’elle la recherche, mais cette partie de l’intrigue n’est pas aboutie. Seuls les indices fournis dans le roman nous permettent de comprendre de qui il s’agit.

Au cours du roman, l’autrice fait des allers-retours entre passé et présent, afin d’aider le lecteur à mieux comprendre l’histoire de chacune de ces femmes. J’ai trouvé certains événements quelque peu inutiles au roman ; des chapitres contemplatifs, alourdissant l’histoire et ne desservant pas la nécessité d’en apprendre davantage sur les trois femmes. Ces chapitres m’ont parfois un peu perdue. D’autant plus que ce roman (de plus de 600 pages) a tout de même des chapitres assez longs, ce qui n’est pas particulièrement ce que je préfère dans mes lectures. Toutefois, on ne peut pas enlever à l’autrice que, la plupart du temps, malgré la longueur des chapitres, ceux-ci sont tout de même captivants pour le lecteur.

Les personnages sont profonds, tourmentés, creusés. L’autrice leur a vraiment donné une consistance, une histoire, un passé, un présent. Le lecteur arrive à imaginer ce qu’elles ont enduré, à la fois au travers de leur vécu qui est relaté, mais aussi de leurs propres pensées. Elles sont attachantes et on vibre avec elles, peu importe ce qu’elle vivent ou ont vécu. J’ai particulièrement bien aimé Grace et Rae, qui ont eu – pour moi, selon mon propre ressenti – un petit quelque chose en plus…

Le point commun entre ces trois femmes, outre la maternité et leur vie en pleine ségrégation est surtout la quête de la liberté. A travers leurs regards et leurs différentes époques, chacune à sa manière cherche à s’affranchir, à obtenir la liberté.

Je ne connaissais donc pas la plume de l’autrice, pour ce premier roman traduit en français mais je dois bien avouer que j’ai globalement été conquise car – en dépit des chapitres parfois un peu longs – je n’ai pas réellement vu ma lecture passer. Même s’il n’est donc pas dans mes habitudes de lire ce genre de roman, je suis assez contente de l’avoir fait car j’ai plutôt passé un bon moment !

En bref

Un récit loin de ce que je lis habituellement, mais qui a su me transporter au fil des pages. On y parle ségrégation mais surtout maternité et liens du sang… La quête de la liberté de chacune des trois femmes du roman va s’avérer être un élément clé du récit. Je déplore toutefois des chapitres un peu longs et parfois sans grand intérêt pour l’histoire…un peu trop contemplatifs. Néanmoins, cela reste une lecture très agréable, pour laquelle je ne regrette pas d’être sortie des sentiers battus de mes habitudes, malgré les sujets brûlants qui y sont abordés.


Avez-vous lu ce roman de la rentrée littéraire 2023 ?


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