Très heureuse de retrouver la plume de Bernard Minier dans cette saga que j’affectionne particulièrement depuis ma lecture du premier tome.

La saga « Martin Servaz » est l’une de mes préférées en terme de thrillers. Comme chacun des romans, j’avais hâte de me plonger dedans, ma dernière lecture remontant au mois d’août, avec le tome 3.

Quatrième de couverture

Nuit de tempête en mer du Nord. Secoué par des vents violents, l’hélicoptère dépose Kirsten Nigaard sur la plate-forme pétrolière. L’inspectrice norvégienne enquête sur le meurtre d’une technicienne de la base offshore. Un homme manque à l’appel. En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Quelques jours plus tard, elle est dans le bureau de Martin Servaz. L’absent s’appelle Julian Hirtmann, le tueur retors et insaisissable que le policier poursuit depuis des années. Étrangement, sur plusieurs clichés, Martin Servaz apparaît. Kirsten lui tend alors une autre photo. Celle d’un enfant. Au dos, juste un prénom : Gustav.
Pour Kirsten et Martin, c’est le début d’un voyage terrifiant. Avec, au bout de la nuit, le plus redoutable des ennemis.

Extrait

Elle regarde sa montre. Bientôt minuit .
Train de nuit. Les trains de nuit sont comme des failles dans l’espace-temps, des univers parallèles : la vie tout à coup suspendue, le silence, l’immobilité. Les corps engourdis ; somnolences, rêves, ronflements… Et puis le galop régulier des roues sur les rails, la vitesse qui emporte les corps – ces existences, ces passés et ces avenirs – vers un ailleurs encore dissimulé dans les ténèbres.
Car qui sait ce qui peut advenir entre le point A et le point B ?
Un arbre tombé sur la voie, un voyageur malintentionné, un conducteur somnolent… Elle y songe sans vraiment s’appesantir, plus par désœuvrement que par crainte. Elle est seule dans le wagon depuis Geilo et – pour autant qu’elle a pu en juger – personne n’est monté entre-temps. Ce train s’arrête partout. Asker. Drammen.

Nuit, de Bernard Minier. Editions Pocket.

Une lecture haletante et rythmée

Dans ce roman, le lecteur suit Martin Servaz, commandant de la SRPJ de Toulouse, qui va se retrouve face à Julian Hirtmann, un criminel qui le fascine depuis leur première rencontre. Lui-même (ancien) élément du système judiciaire, il en connaît tous les rouages et n’est que plus insaisissable, ce qui le rend d’autant plus obsédant aux yeux de Martin. Et pas seulement pour leur passion commune envers Mahler.

Le roman s’ouvre donc en Norvège, sur la découverte d’un cadavre et le début de l’enquête. Puis, le lecteur est ensuite emmené en France, avec Martin qui doit appréhender un suspect, mais dont l’arrestation ne se passe pas exactement comme prévue, mettant sa vie en danger et le plongeant dans le coma après s’être fait tiré dessus.

Au début, le lecteur ne comprend pas vraiment le lien entre ces deux affaires. Bien que la première partie du roman soit quelque peu confuse (avec l’œil externe du lecteur), on se doute néanmoins assez vite que les deux affaires vont finir par se recouper. Et, effectivement, plus on avance dans a lecture et plus les corrélations deviennent logiques. Les pièces du puzzle s’imbriquent alors parfaitement. Mais, presque à chaque fois, un élément nouveau surgit et remet l’ensemble de notre compréhension en perspective. C’est d’ailleurs là où l’auteur est très fort ! Il est capable d’emmener son lecteur là où il le souhaite, pour l’amener à croire des choses qui, finalement, ne se révéleront pas (totalement) justes.

L’autre point fort de l’auteur – et de la saga – ce sont les personnages. Martin Servaz est loin de l’image du « flic costaud » ou parfait à qui tout réussi, qui se revendique souvent dans le genre du thriller. Ici, nous avons un personnage qui est davantage dans la recherche et il nous entraîne avec lui dans ses réflexions. C’est un personnage bien construit, au caractère intéressant, avec ses forces et surtout ses fragilités, que l’on découvre beaucoup dans ce tome – ce que j’ai vraiment apprécié. Si l’on plonge autant dans le roman (et la saga en général), c’est aussi grâce à ce côté-là. C’est aussi ce qui me manque pour Vincent et Samira, personnages que j’aimerais voir davantage creusés, comme l’auteur est capable de si bien le faire.

En revanche, je terminerais cette chronique avec une mention spéciale pour e personnage de Julian Hirtmann, que j’attendais avec impatience de découvrir davantage. Il a vraiment été un élément clé de l’intrigue et, je pense, m’a vraiment permis d’accrocher autant et a fait, à mes yeux, un véritable page-turner de ce roman.

En bref

C’est donc, une fois de plus, une très bonne lecture, que j’ai hâte de poursuivre. Bernard Minier nous livre ici un peu de la fragilité de son commandant et nous ouvre ses sentiments ainsi que ceux des personnes qui l’entourent. J’ai également beaucoup aimé la dimension que prend la présence de Julian Hirtmann. Le lecteur en apprend davantage sur ce personnage qui rythme la saga mais qui restait relativement inaccessible jusqu’ici. Les cassures qu’ils montre et ses fragilités renvoient à celles de Martin. L’auteur nous montre ici deux personnages qui ne sont finalement pas si différents l’un de l’autre. Je poursuivrai bien entendu ma lecture de la saga avec la découverte du tome 5, Soeurs.

18 / 20

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